La mémoire des pavés

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L’accueil pour  la nuit se fait au Home St.-Joseph -au début de la rue Haute- qui donne sur les Maroles…
 – Sur quoi, vous dites? Les Marolles ? Pfff…
Cette réaction vient d’un ancien du quartier. Et il rempile :
 – Tout est fichu, les Maroles c’est fini. Avant on se parlait depuis nos fenêtres entre voisins. Tout le monde se connaissait. On sentait dès le matin les odeurs des oignons frits. Les portes restaient ouvertes jour et nuit. Les gamins jouaient dans la rue jusque tard le soir, … On ne reconnaît plus le quartier, il n’y a plus de Maroles, … et la Place du Jeu de Balle ? Ce ne sont que des étrangers qui vendent leur bordel…

Je viens de rencontrer Frans, c’est  « un echte ». Le matin, il aime venir prendre son café au Père tranquille. Il me propose un pintje. Il est 9h30. Je prendrai un café, merci.

 -Allez, passe-moi l’assembak.
Trop tard, les cendres de sa clope tombent sur sa DH.
 -Heureusement qu’il y a encore le cyclisme. Et dans moins d’un mois, c’est le début du Mondial.
Des enfants jouent dans la rue du Renard, sur ces mêmes pavés où Frans et ses copains ont joué il y à 65 ans. Cinquante ans et 2 générations les séparent. Assis plus loin sur les kasseien,  à l’abri des regards indiscrets, un couple de jeunes homos s’enlacent avec une tendresse touchante.
Peut-être qu’une oreille fine qui se collerait sur le pavé arriverait à capter la mémoire de la pierre.
Et je ne suis pas certain que les Maroles de Frans serait la seule à revendiquer son droit d’exister.
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